Qui sont les transgenres ? Dans cette chronique, nous allons le découvrir en partant à la rencontre de personnalités différentes aux aspirations étonnantes. Loin des célébrités que l’on ne présente plus (Caitlyn, Andreja, Laverne). Loin des projecteurs également et des chaînes YouTube à plusieurs millions d’abonnés. Les Rencontres d’un autre genre évoquent la vie transgenre. La vôtre, la nôtre.
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Premiers pas et culpabilité
Andromède – Est-ce que tu peux te présenter et nous expliquer quand et comment t’es-tu découverte transgenre ?
Julie – Mon vrai prénom est Julien. Certes, je ne me suis pas trop foulé pour trouver mon prénom de fille (rires). J’ai 35 ans, je vis seul du côté Calais et je travaille dans l’ingénierie industrielle.
Il y a eu deux grandes étapes dans la découverte de mon côté transgenre. J’ai d’abord commencé à m’intéresser aux « trucs de filles » vers l’âge de 15 ans. À l’époque j’étais très timide, plutôt renfermé sur moi-même et je n’ai pas très bien abordé le sujet. Je rêvais de savoir ce que c’est « d’être une fille », mais dans ma petite tête j’étais arrivé à la conclusion que ça n’était pas normal. J’ai donc gardé ça pour moi et essayé de mener ma vie d’ado le plus normalement possible.
Il faut aussi dire qu’à l’époque il n’y avait pas Internet pour se renseigner sur le sujet. Étant donné que je vivais dans une petite ville, je n’avais jamais été en contact avec qui que ce soit qui puisse comprendre ce que je ressentais, du moins c’est ce que je croyais. J’avais tout de même quelques affaires que je cachais avec soin. J’enfilais ça avec un sentiment de culpabilité quand je me retrouvais seul à la maison. Me laisser pousser les cheveux est la seule chose que je m’étais vraiment permise… Bon, ça je ne le regrette toujours pas !
La seule chose que je m’étais vraiment permise c’était de me laisser pousser les cheveux…
Bref pendant des années j’ai tenté de refouler mon attirance pour les vêtements féminins, en jetant régulièrement les affaires que j’avais. J’ai même tenté une fois d’exorciser tout ça en brûlant ces affaires, mais ça ne marche pas (rires) !
Découverte du genre
Tout cela jusqu’au moment où, fin 2013, j’ai été envoyé en formation pendant une semaine pour le travail. Le soir, à l’hôtel, en cherchant des cours de maquillage, je suis tombé sur XXY. Aussitôt que je l’ai consulté, je me suis dit que c’était le bon moment pour me raser la barbe et voir ce que je pourrais faire de mon visage. En fait, j’avais la barbe depuis des années… ça m’a fait comme une révélation de voir mon visage sans poil, et même sans maquillage j’avais l’impression d’avoir un potentiel. C’était la deuxième étape.
Je me suis gavé des tutos que j’ai trouvés, et j’ai commandé quelques produits de maquillage. En rentrant chez moi je me suis lancé, et à mon plus grand bonheur, je voyais enfin un reflet féminin dans le miroir. À partir de là, j’ai décidé d’assumer cette facette de moi-même que je m’étais interdite. Et ça m’a fait un bien fou : ça m’a sorti de ma déprime chronique des années précédentes et permis de rencontrer plein de gens intéressants.
La reconnaissance du genre
Andromède – Pour toi, quel a été le meilleur moyen de t’épanouir et de trouver l’équilibre ?
Julie – Après avoir décidé de m’assumer je ressentais le besoin d’être reconnu par mes proches. J’ai commencé par en parler à ma meilleure amie, puis progressivement à tous mes amis proches. Tous m’ont accepté sans problème. J’ai donc pu avoir plusieurs destinations de soirées et expérimenter la vie en fille en situation réelle. Le fait d’être accepté en tant que transgenre dans mon cercle de connaissances proches m’a donné confiance en moi. Je crois que c’est ça qui m’a permis de trouver mon équilibre. Aujourd’hui, à force de pratique j’ai compris que ce qu’il me faut c’est la possibilité de naviguer d’un genre à l’autre. J’ai besoin des deux, je ne pourrais pas abandonner complètement un genre pour rester tout le temps dans l’autre, peu importe lequel.

J’ai commencé par en parler à ma meilleure amie, puis progressivement à tous mes amis proches. Tous m’ont accepté sans problème.
Andromède – Avec le recul des années, que changerais-tu dans ton parcours si tu en avais la possibilité ?
Julie – J’ai l’impression d’avoir perdu beaucoup de temps pendant les années où je ne m’acceptais pas, entre 15 ans et 32 ans en gros. Si j’avais une machine à remonter le temps je passerais voir mon ancien moi pour lui secouer les plumes et l’inciter à aller vers ce que lui dit son cœur, au lieu de déprimer sans savoir pourquoi ! Ou alors, il aurait fallu inventer Internet dans les années 90. Je suis certain que si j’avais eu accès à plus d’informations à l’époque, j’aurais été plus heureux plus tôt (rires).
Les joies du coming out
Andromède – Est-ce que tu peux nous décrire ton plus beau souvenir de personne transgenre ?
Julie – Il y en a plusieurs alors difficile de choisir le plus beau…
Cependant, récemment j’ai été invité à un après-midi bijoux et lingerie chez la sœur d’un ami d’enfance. Donc j’y suis allé en fille avec une amie. J’étais un peu stressé en arrivant, puisque j’étais sur le point de faire une sorte de coming out à pas mal de gens en même temps… Au moment de dire bonjour à tout le monde, la maman de mon ami d’enfance, que je connais depuis une bonne quinzaine d’années mais qui ne m’avait jamais vu en Julie et n’était pas censée être au courant, s’est littéralement jetée à mon cou pour me féliciter pour ma démarche, m’encourager à continuer et me rappeler que je serais toujours bienvenu chez elle…
Elle en avait les larmes aux yeux, et du coup, moi aussi. J’étais surpris et tout ému ! Je ne m’y attendais vraiment pas, d’un coup le stress de l’arrivée a disparu, et ça a brisé la glace d’une certaine façon. Je me souviendrai longtemps de ce moment, même si ça paraît anodin à lire comme ça.
Ensuite l’après-midi s’est super bien passé, je me sentais à ma place et accepté par toutes celles qui étaient présentes. J’ai alors pu faire des essayages de lingerie, me faire faire une parure de bijoux sur mesure et accessoirement alléger un peu mon porte-monnaie… Bref des trucs de filles !
Ne restez pas enfermé
Andromède – Si tu devais donner un conseil à celles et ceux qui te lisent, que dirais-tu ?
Julie – Ne restez pas enfermés dans de mauvais préjugés, osez, sortez, amusez-vous, profitez de la vie, il n’y a rien de plus épanouissant ! Et si vous hésitez, c’est que vous en avez envie alors pourquoi se priver ?
Andromède – Merci pour le temps que tu as consacré à XXY ! Bon courage dans ton parcours et à très bientôt.

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L’entretien était intéressante mais je voulais l’écrire (désolée pour le hors-sujet) : Julie est un super canon ! 😍
Ce n’est pas si hors-sujet, ce sont les conséquences d’un épanouissement manifeste 😉 Voilà ce qui arrive quand une fleur éclot.
très bien comme article; et très courant en tant découverte de soi-même, suivi par destruction et même feu de soi-même!! Julie a l’air hyper épanouie (oui très belle!) C’est vrai que l’internet a tout changé; je regrette pas mal que ça n’existait pas dans les années 60!!!!< Donc profitez bien les filles!!
Nous aussi, nous regretterons plein de trucs que les jeunes utiliseront, je suis sûr 😉
Très beau témoignage. C’est le genre d’interview qui donne la patate pour avancer. Et pour faire régulièrement des soirées avec la « bande à Julie », je peux dire que c’est une sacrée bande de potes !
PS : prompt rétablissement à Julie et amuse-toi bien avec la Xbox One. 🙂
Une Xbox One qui fait des bruitages de fusil, en plus.
C’est une très bonne idée cet interview ! il n’y a pas que les stars du petit écran et des magazines qui ont des choses intéressantes à dire.
Et c’est une très bonne idée également de commencer par notre « petite » Julie. Une personne que j’apprécie énormément et qui a deux passions que j’adore et dont l’article ne parle pas : les scarabées et les robes de princesses ! 😉
En réalité, il existe une interview antérieure, celle de d’Emilie85 : http://xxy.fr/les-rencontres-dun-autre-genre-emilie85/
Mais elle ne parle pas non plus de voitures de princesse 😉
Merci Julien. Cette première entrevue m’avait échappé. Je vais m’empresser de la lire!
Il est vrai que Julie est très belle, elle a consulté les bons tutos . Si les regrets ne servent à rien, il est bien dommage qu’internet ne soit apparu dans ma vie que la soixantaine passée. Cependant, il vaut mieux tard que jamais et j’ai maintenant le bonheur de profiter de ma vieillesse dans les deux genres.
I aime me promener habiller et maquillée en fille, j’aime porter des soutien-gorge, des petite culottes,des collant et des bas, des chaussures à talon. je sors et rentre dans les magasin de lingerie feminine. généralement la vendeuse est au courant que des hommes viennent s’acheter des dessous femininet ne paraissent pas choquée.