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Ma vie de femme dans Second Life

Si vous aviez la chance de mener une double-vie sous l’apparence de votre choix, la prendriez-vous ? La question est rhétorique pour beaucoup d’entre nous, surtout chez les travestis qui ont grandi devant Ranma ½. C’est quelque part ce que propose Second Life, vivre une « seconde vie » dans laquelle vous incarnez l’avatar de votre choix : Jean-Pascal dans la vie réelle et Nastasia en ligne, par exemple. Les réfractaires aux réseaux sociaux ne comprendront peut-être pas la démarche, mais cela reste une aubaine pour celles qui ne peuvent vivre leur travestissement qu’au travers d’Internet.

Bienvenue dans votre nouvelle vie

Vous avez forcément entendu parler de Second Life : si le métavers (méta-univers) est aujourd’hui loin de sa popularité passée, il a réussi à se créer un nom en 2007 où son buzz était sans aucun doute le plus viral. Des entreprises comme IBM ou American Apparel y ont investi beaucoup d’argent bien réel. Des personnalités politiques candidatant au poste de président de la République française, par exemple, y étaient présentes, elles aussi.

Pour résumer Second Life en quelques mots, il s’agit d’un monde persistant où l’avatar de son cru évolue et interagit avec d’autres membres, à la manière de ce que décrivent des œuvres comme Snow Crash en 1992 ou Devil Summoner: Soul Hackers en 1997. L’inscription est gratuite mais il est possible d’acheter un terrain contre de l’argent réel, le monde étant composé d’îlots. Il est extensible à l’infini.

Dans Second Life, il est possible de voler et de s'affranchir des contraintes de mouvement.
Dans Second Life, il est possible de voler et de s’affranchir des contraintes de mouvement.

Ainsi décrit, cela évoque une espèce de MMORPG ; ce n’est pas exactement la même chose puisque Second Life n’est pas à proprement parler un jeu. On évolue comme on le souhaite sans objectif si ce n’est de rencontrer d’autres personnes, sans problématique de temps, de mobilité ou d’espace. Une « deuxième vie » qui se veut absolument sans aucune contrainte, en quelque sorte.

Sois toi-même

Le plus grand des intérêts de Second Life est de pouvoir se créer un avatar sur mesure. Beaucoup de jeux vidéo le proposent, nous en avons déjà discuté, mais peu de réseaux sociaux fournissent des options de personnalisation aussi avancées. C’est bien simple, il est possible de créer un homme, une femme, un elfe, un vampire… Absolument tout ce qui vous chante. D’ailleurs, cela devrait ravir beaucoup de travestis : il existe une véritable économie dans le jeu où les joueurs et les joueuses, surtout, peuvent échanger de l’argent contre de nouveaux vêtements. Préciser « les joueuses » n’a rien de sexiste, je vous rassure, mais la triste réalité est telle que le jeu regorge de boutiques où, hélas, les articles pour ces dames sont de plus en plus osés.

À ce titre, certains membres prennent Second Life comme un rince-œil et cela gâche l’expérience. S’engouffrant dans cette brèche d’argent facile, de nombreux modeleurs professionnels et amateurs ont consacré leurs journées à produire des tenues toujours plus « hot », pour les joueurs les moins regardants à la dépense. Cela dit, avec un peu d’imagination, il est possible de prendre beaucoup de plaisir à créer de nouvelles tenus pour votre avatar tant la variété de vêtements est importante dans Second Life. C’est bien simple : il n’existe pas un seul habit qui n’ait pas été modélisé ! Je ne peux que vous inviter à consulter le blog d’AshOunette qui proposait régulièrement de nouvelles tenues pour son personnage. Des outfit of the day virtuels, en quelque sorte.

ashounette

Le monde est à vous

L’autre attrait de Second Life est de pouvoir évoluer dans un monde où l’on fait ce que l’on veut. Il est possible d’y travailler mais rien n’y oblige, même si vous devrez fatalement passer par la caisse pour acheter un terrain et bâtir une maison selon vos goûts. En fait, il est possible de faire à peu près ce que l’on veut à partir du moment où l’on convertit de véritables € contres des L$ (Linden dollars), la monnaie du jeu. Certains jouent de la musique en streaming, d’autres montent des galeries pour exposer leurs artworks… Il est aussi tout à fait possible de discuter, tout simplement, avec les autres membres. Et plus si affinités.

Car il n’existe pas de règle, dans Second Life, et s’il est possible de s’affranchir des contraintes du monde réel (il n’y a pas de maladie, pas de guerre, pas de décès), il est aussi tout à fait possible de s’adonner aux plaisirs les plus charnels, enfin, à condition d’imaginer qu’une texture en JPEG puisse remplacer la chaleur de la peau. Les développeurs de Second Life ont en effet eu le « mauvais goût » d’inclure des interactions explicites entre les membres. C’est racoleur et souvent hors-propos.

À peine arrivé dans le quartier (très populaire) de Syn City qu’un membre m’écrit : « show me tits! » La vie de femme dans Second Life est à l’image de la vie de femme dans le monde réel, j’en ai bien peur…
À peine arrivé dans le quartier (très populaire) de Syn City qu’un membre m’écrit : « show me tits! » La vie de femme dans Second Life est à l’image de la vie de femme dans le monde réel, j’en ai bien peur…

Laissez-moi vous raconter une anecdote ! Hier, alors que je me promenais dans le jeu pour préparer le présent article, je suis tombé sur un club de jazz. En mélomane, je me suis aventuré dans le club où de nombreux auditeurs papotaient de choses et d’autres, même si la plupart d’entre eux avaient programmé un message automatique (« sorry, afk ») pour voguer à d’autres occupations pendant que la musique battait son plein. Quand soudain, devant mes yeux ébahis, un couple entama sa petite affaire au beau milieu de l’assemblée. Madame était dans une tenue beaucoup trop explicite pour que ce ne soit qu’une erreur d’appréciation. Ces situations sont, semble-t-il, courantes. J’avais lu une expérience similaire en documentant mon article.

Pourquoi jouer à Second Life ?

Le monde de Second Life est aujourd’hui plutôt désert et il me paraît peu probable qu’il se repeuple au cours des années à venir. Beaucoup de problèmes gâchent l’expérience sociale, à commencer par des problèmes techniques : l’affichage est très souvent lent et il faut plusieurs minutes avant qu’une zone ne s’affiche complètement. L’autre souci majeur de Second Life est de ne pas être ergonomique ; aussi, changer de vêtement ou tout simplement pivoter la caméra relève souvent de l’exploit.

L’autre souci majeur vient de l’utilisation que font les joueurs de ce métavers. Sur le papier, l’idée est bonne mais dans les faits, on vous demande de dégainer la carte bleue dès que l’occasion se présente, pour profiter de contenus toujours plus racoleurs. Il est tout de même dommage de voir à quel point un si beau projet ait pu tourner au réseau pour adultes. C’est le cas de beaucoup de réseaux sociaux, après tout. Sachez-le : il est possible de filtrer et désactiver la plupart des contenus érotiques. Mais croyez-moi, le métavers est alors bien vide, la majorité des membres se trouvant dans les zones plus « libres » ou tout du moins « libertines ».

Malgré tous ses défauts, il y a des lieux absolument magiques à visiter dans ce métavers.
Malgré tous ses défauts, il y a des lieux absolument magiques à visiter dans ce métavers.

D’autres membres, eux, profiteront de la liberté d’action que peut offrir une expérience comme Second Life. Ce qu’ils ne peuvent pas « vivre » dans la vie réelle, du simple fait de se libérer des contraintes du corps aux déplacements en volant, devient possible une fois en ligne. Pour les travestis qui n’ont pas la chance de s’épanouir comme ils le désireraient, c’est l’occasion d’incarner un avatar féminin et d’interagir avec d’autres membres, l’espace de quelques discussions. C’est la possibilité d’échanger sans se soucier du regard des autres ni du poids de la société. Cela peut aussi être un moyen de sortir de la solitude, car vous ne le savez que trop bien : l’expression féminine de beaucoup d’entre nous est trop souvent réduite au silence

Bisous !

Andromèdehttps://travesti.fr
Bonjour ! Je suis Andromède, l'auteure de ce site Internet. Je suis également la fondatrice du e-commerce Travesti.fr - La boutique des travestis.

29 commentaires

  1. Ah oui en 2007, c’était la grosse baston politique sur Second Life. Bayrou, Royal, Sarkozy et Le Pen avaient leur QG de campagne dans cet univers. Là où les Américains jouaient la présidentielle sur Twitter et Facebook. Du coup, est-ce que Second Life a été bénéfique pour un candidat ? 🙂

    Sinon, je me demande si les MMORPG ne sont pas mieux pour jouer librement un avatar féminin . Le rôle play est fortement présent dans beaucoup de jeu. C’est également beaucoup plus ludique et certainement moins glauque. Mais, c’est certain qu’il en faut pour tout le monde et concernant le MMO c’est ma tendance naturelle qui parle. 😉

    En tout cas, on y pense pas toujours, mais il y a beaucoup de moyen de vivre son travestissement, sa féminité et Second Life est une bonne solution.

    • Je ne sais pas. Dans les MMORPG, tu as une notion d’objectif (montée en niveau, raids, quêtes…) alors que dans un jeu comme Second Life, il n’y a qu’un seul but : papoter avec les autres, grosso modo (ou faire de l’argent). En ce qui me concerne, tout du moins, je n’ai jamais été un bon role-player dans les MMORPG, trop obnubilé par les chiffres statistiques de mes persos. Après, il y a plein de façon de vivre sa partie, mais très vite, tu ne penses qu’à l’exp et au loot ! ^_^

  2. What ! Second Life existe encore
    Déja qu’a l’époque je trouvais le jeu bordélique avec ça gestion des perso et monde complètement archaïque
    Maintenant, le gameplay doit paraître complètement pourrave pour les nouveaux venus !

  3. Jamais testé …
    Faute de temps peut être et aussi, comme tu l’écris, parce que trop touné vers le sexe .. (D’après les échos que j’en avais eu à cette époque).

    Merci pour ce retour d’expérience !!!

    Bises, Aurélie.

    • C’est vrai que c’est chronophage, surtout pour qui souhaite vraiment créer un avatar bien particulier. Et puis (je me répète), les chargements sont tellement longs que ça consomme énormément de temps. Prévoir un bouquin à côté, quoi…

  4. Coucou,

    Sinon, il y a aussi les Sims, dont la version 4 sortie dernièrement offre une création de personnage très sympa ! Dommage que la garde-robe soit bien moins fournie.

    Bises, Véro

    • Effectivement – d’ailleurs, de nombreux JV permettent une création de personnage assez poussée. Seulement, ils ne proposent pas toujours un aspect social comme c’est le cas dans Second Life qui peut, en plissant les yeux, procurer une vie de femme virtuelle aux plus patient(e)s ! 😉

  5. Vivre une vie virtuelle, même en fille, je n’en vois pas trop l’intérêt. Acheter une garde robe virtuelle, ça sent plutôt l’arnaque, non ? . J’aurais plutôt l’impression de perdre mon temps.

    • Il faut le prendre comme un jeu vidéo, je pense. Ça peut paraître bête mais le JV reste un moyen comme un autre de voyager – peut-être pas physiquement mais crois-moi, depuis que je suis petit, j’ai vu « du pays » grâce à certains titres 🙂 ! Parler d’arnaque, c’est un peu fort car personne n’oblige à acheter et si tu as de la patience et du talent, tu peux toi-même modéliser les vêtements que portent ton personnage.

      • Tu as sans doute raison, mais comme tous les JV, cela reste quand même assez désocialisant, ce dont je n’ai pas trop besoin. Merci de ta réponse.

        • Et pourtant… Il n’y a rien de plus social qu’un jeu vidéo. Difficile à croire, mais contrairement à un film, tu peux communiquer avec d’autres joueurs pendant que tu joues (ce qui est plutôt mal perçu dans une salle de cinéma). Crois-le ou non mais un excellent ami (et collègue de travail) à moi a rencontré sa chérie sur le jeu Ragnarök Online et ils sont fous amoureux. Comme quoi… D’ailleurs, je ne te cache pas que mes meilleures soirées se sont faites entre ami(e)s autour de la console. Et puis j’ai rencontré beaucoup de personnes par ce biais. Non, il faut abandonner ce préjugé, surtout en 2014 où les jeux n’ont jamais été aussi sociaux.

  6. En gros c’est un endroit ou tu peux claquer du fric pour des vêtements sans jamais avoir le plaisir de toucher le tissu ni avoir mal aux pied après 3heures de marche avec des talons de 10cm. Donc complètement inutile 🙂

    • Pour beaucoup, l’idée est aussi de jouer à la poupée et de se rincer l’œil avec des tenues de plus en plus suggestives. Après, je ne te contrarierai pas sur le côté « inutile » de la chose mais sous un autre angle : créer un « jeu » sans objectif n’a rien de motivant pour progresser, pour avancer, pour se plonger dans l’univers, « social » ou pas.

  7. Bonjour

    Suite à cet article je me suis inscrite. Physiquement mon avatar me correspond bien, mais les vêtements sont un peu trop décalés par rapport à mon caractère.

    Quatre mâles se sont gentiment proposés pour me guider, la moitié m’a fait sans trop attendre des propositions indécentes. C’est bien de savoir un peu de russe: le « nyet » ne s’est pas fait attendre.

    Il est vrai qu’il n’y a pas grand monde. Je fréquente des lieux où je vois un peu d’activité, mais on a l’impression qu’une bombe neutronique est tombée: les bâtiments sont intacts, mais il n’y a personne.

    L’interface utilisateur est la plus « user-feindlich » (ce terme est l’antonyme allemand de « user-freindly », et veut dire « ennemi de l’utilisateur ») jamais trouvée dans un jeu. On s’habitue mais c’est dissuasif.

    Je me balade. Je lis les chats de mes voisins, je regarde beaucoup, j’écoute un peu.

    Voilà tout.

  8. J’ai était sur second life quelques années pour éviter de claqué sa carte bleue je me suis mise à créer des objets que je pouvais vendre bon c’est pas la gloire mais sa permet de se faire plaisir
    Le seul truc dommage c’est qu’il n’y a pas de groupe bien pour des filles comme nous

  9. Moi aussi je me suis fait un perso sur second life
    Et pour l’améliorer je m’étais mi à créer des objets pour pouvoir les vendre et c’est sur c’est pas la fortune mais sa aide bien j’avais aussi un terrain ou je voulais faire un lieux pour nous mais il y a plus de fille étrangères que francophone donc j’ai tout stopper mais c’est un jeux génial ou il et possible de faire du rp de belle rencontre

  10. Bonjour

    Je continue mon exploration de Second Life. J’ai trouvé un endroit où il y a du monde et je peux dire que j’étais très contente de pouvoir parler en femme calmement. Il y a toujours des hommes complètement insupportables et grossiers, d’autres sont gentils et sont là juste pour discuter un peu de tout et de rien.

    Je continue à aller deux ou trois fois par semaine sur Second Life.

  11. C’est un endroit ou l’on parle Anglais car la plupart des gens ne parlent pas français.
    J’ai trouvé un jeune Français ravi de trouver une compatriote.

    Je peux échanger mon nom d’avatar avec le votre pour nous rencontrer sur Second Life.

    Je continue mon exploration, je trouve quelques mâles trop grossiers, voire sournois. Mais de temps en temps je trouve des mâles gentils et très gentlemen.

    Il suffit de rester calme, ferme, et de patienter.

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