Aujourd’hui, sur XXY.fr, on se cultive. Pour changer. J’aimerais vous parler d’un énorme coup de cœur BD : Le Chevalier d’Éon d’Agnès Maupré. J’ai été vraiment surpris par cette œuvre alors qu’habituellement, je suis rarement enthousiaste avec les ouvrages sur le travestissement. Retour sur un personnage historique haut en couleur !
Le Chevalier d’Éon
Mais qui est – ou qui était plutôt – Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Timothée d’Éon de Beaumont, ou pour faire simple, le Chevalier d’Éon ? Sans entrer dans les détails, il s’agissait d’un espion à la solde de Louis XV, dont la corpulence était telle qu’il se travestissait, en femme, pour mener à bien ses missions.
Raconté comme ça, notre pauvre d’Éon a l’air d’un personnage de fiction. Et pourtant… C’est un personnage qui a réellement existé et qui fascine toujours. En 2006, par exemple, une série d’animation japonaise lui était consacrée. Romancée, certes, mais tout de même. On peut même le jouer dans Empire: Total War. Je trouve limite dommage qu’il ne soit pas dans le roster de Rock of Ages.
Le Chevalier d’Éon, Tome 1 : Lia, donc. C’est un bel album dessiné par Agnès Maupré à qui l’on doit, entre autre, Milady de Winter. Il se monnaye environ 15€ et c’est édité chez Ankama (les mecs qui ont fait Dofus et Wakfu).
Des couleurs très vives
Ce qui frappe en premier en ouvrant l’album, ce sont les couleurs. C’est vraiment de toute beauté, avec des contrastes très forts et des teintes très vives ! Pour tout vous dire, j’ai vraiment bloqué sur le graphisme de la BD vraiment original pour une œuvre historique où l’on est plutôt habitués au noir et blanc. D’ailleurs, j’ai beaucoup aimé les contours des personnages et de certains décors, dont le trait est lui aussi en couleur. Cela donne vraiment beaucoup de charme et toutes les planches sont pétillantes !
Pendant la lecture, j’avais l’impression d’avoir entre les mains un gros cupcake bien coloré ou un Arlequin de Lutti. C’est vraiment rafraîchissant et cela donne beaucoup de légèreté à une œuvre dont l’histoire est finalement assez « politique ».
Une histoire vraiment captivante
D’ailleurs, l’histoire se dévore vraiment facilement. Pour tout vous dire, c’est tellement bien écrit que je l’ai dévorée d’un seul coup ! Je lisais un entretien de l’auteure qui expliquait qu’elle avait suivi une formation, après les Beaux-Arts, pour peaufiner son écriture. Pour le coup, ça a franchement porté ses fruits puisque c’est vraiment très, très plaisant à suivre. Les thématiques sont pourtant loin d’être légères, puisqu’il est question, entre autres, de sujets tels que de la décadence de la France sur la scène européenne ou de l’inégalité des sexes au XVIIIème siècle.
Au-delà des petites magouilles politiques de la Cour, Agnès nous donne à suivre les coulisses de Versailles et c’est d’autant plus vrai que la mission du Chevalier est classée top secret. Du coup, on découvre des personnages que l’on ne connaît qu’à travers les guides d’histoire sous un nouveau jour. C’est encore une fois très frais, avec des personnages tous plus intéressants les uns que les autres. J’ai un petit faible pour la marquise de Pompadour qui est décrite de façon très sympathique.
En plus, le travail de documentation et la recherche d’information sont vraiment précis, ce qui est loin d’être aisé avec un personnage aussi ambigu et secret que ce bon vieux d’Éon.
Mission : Travesti
Revenons-en à nos moutons. Si je vous parle de cette bande dessinée, c’est surtout qu’elle met en scène un célèbre travesti. Pour le coup, le sujet a été traité sans a priori et cela se sent assez rapidement : on ne nous plonge jamais dans un univers de fétichisme ou de féminité exacerbée.
Le Chevalier d’Éon est un personnage assez particulier puisque le travestissement, tel qu’il est décrit ici, n’est pas une échappatoire et certainement pas une forme de liberté. J’attire votre attention sur les vignettes de la page 63 où il n’a qu’une hâte : reprendre son apparence masculine ! Si je vous parle de cela, c’est que pour beaucoup de travestis, le fait de s’habiller « en femme » est la forme de liberté ultime. Là, pour le coup, il ne fait que subir les ordres de la Cour et c’est assez troublant de voir à quel point il « évolue » en fonction des forces extérieures.
L’autre point que j’ai beaucoup apprécié est l’apparence du Chevalier, crédible en homme comme en femme. Je m’explique ! Ce qui me fait souvent enrager dans le manga ou dans la BD, comme dans Mauvais genre par exemple, c’est que n’importe quel Billy peut devenir une créature irrésistible en deux ou trois coups de blush. Là, pour Charles de Beaumont, c’est beaucoup moins extrême puisqu’en dehors de sa tenue, il ne change absolument pas. C’est un homme très féminin voire androgyne et c’est une femme très virile aussi. Sauf qu’à mon avis, il ne navigue pas vraiment entre les deux genres puisque je ne trouve pas qu’il soit particulièrement à l’aise, ni dans l’un, ni dans l’autre…
Vivement la suite !
Pour résumer : lisez cette BD ! Elle vaut vraiment le coup d’œil et le plus triste, dans l’histoire, c’est qu’il va falloir encore attendre pas mal de temps avant la suite. Un deuxième tome est prévu et quand on connaît l’histoire du personnage, il devrait être vraiment passionnant. Pour patienter, je ne peux que vous proposer de garder en favoris le blog d’Agnès Maupré pour voir l’avancement du projet.
N’hésitez pas à donner votre avis sur la BD !
« Faudrait lui envoyer les vidéos d’Amandyne » alors là, tu m’as fait exploser de rire 😀 !
La solution mammaire=)
Moi aussi j’ai beaucoup aimé. Les couleurs, le cadre, l’histoire, les personnages.
Petite nuance concernant le dessin que je trouve beau mais parfois trop simple, voir enfantin, en particulier sur les plans larges où les personnages sont tous petits.
Mais c’est vrai que cette BD est vraiment une vraie douceur à lire. Même les passages un peu « hot » sont légers.
Du coup j’imagine que pour rester dans le ton l’histoire n’ira pas jusqu’à la fin de la vie du chevalier mais se cantonnera probablement aventures en tant qu’espion.
A part ça j’ai beaucoup aimé l’épilogue. 🙂
Oui c’est vrai que c’est parfois assez enfantin, et toujours très doux ! Quel personnage as-tu préféré 🙂 ?
J’ai pas encore lu la BD, mais en voyant ta critique, je viens de la commander.
Comme toi, l’aspect graphique me plait énormément avec des couleurs vives et joyeuses qui changent de la morosité de ce genre de récit et d’époque.
Grave, mais c’était la moindre des choses pour ce personnage haut en couleurs.
Pas mal, je suis pas un grand fan de l’achat de BD, à moins de les trouver à la médiathèque mais par contre je me renseignerai bien sur le personnage. Tu m’as donné envie d’en savoir un plus sur ce mystérieux personnage. ça me fait penser à « Lady Oscar » qui passait au club Dorothée.
Tu me fais penser qu’il faut que je regarde Queen Emeraldas ^_^
Merci pour cette critique, ça donne très envie !
Par contre j’aurais quelques remarques sur tes prises de son. On sent l’enchainement entre les coupures trop abrute, et ta voix est assez lointaine. Déjà je penses qu’il y a un peu trop de coupures, ensuite j’ai l’impression que tu enregistres le son directement sur la camera ou alors avec un micro qui ne gère pas l’anti-bruit. Le mieux, si ce n’est pas déjà fait est de traiter le son avec un micro à part et de re-synchroniser le tout.
Tu as une suggestion de micro ? Ça m’interesse.
Effectivement, le son n’est pas optimal, mais je fais avec ce que j’ai : une (petite) caméra 🙂 ! Pour les coupures, j’avoue, je ne connaissais pas mon texte alors je regardais beaucoup mon écran…
Je suis bien conscient de ce problème également. Du coup, ce weekend j’ai acheté un micro Blue Yeti (http://www.amazon.fr/gp/product/B002VA464S/ref=oh_details_o01_s00_i00?ie=UTF8&psc=1). Je ne l’ai pas encore testé, mais une grande majorité des podcasteurs utilisent ce micro.
Tu as peut-être mieux ou moins cher Kimi ?
C’est pas mal ce genre de micro mais pas du tout pratique..
Au mieux c’est un « micro cravate » sinon un micro classique sono.
Moins cher, non malheureusement car c’est du jack analogique et il faut une carte son externe derrière qui fera office de pré-empli aussi. Une carte type M-Audio Fast-Track peut très bien faire l’affaire, 80e premier prix. Mais tu dois pouvoir en trouver des moins cher pour un micro entre 30 et 50 euros.
Si tu peux te déplacer il peut être intéressant d’aller dans un magasin de musique type Star-Music ou WoodBrass, ils conseillent assez bien.
Dans tous les cas, quand on veut monter en qualité les interfaces usb sont à exclure car le pc n’a pas d’ampli, moi même avec un piano numérique, je sors évidemment en analogique (autrement c’est du midi) avec un cable stéréo que je branche sur une carte son externe que j’avais du acheter 35 ~ 40 euros il me semble mais je songe à changer car j’ai pas mal de perte dès que j’ajoute un peu de réparti.
Tient nous au courant sur le micro que tu viens d’acheter, je suis curieuse de savoir ce qu’il est capable de faire :D.
N’ ayant pas encore lu cette BD, un comble pour un amateur du 9 éme Art, je me garderais de critiquer le contenu. Je vais juste ajouter une précision pour compléter ce superbe article. Quand une BD ne possède pas d’ encrage,(c’ est à dire le trait à l’ encre noire qui sert de contour aux personnages et aux objets), on dit qu’ elle est faite en couleurs directes…Beaucoup de dessinateurs appliquent maintenant cette méthode qui était rare il y a quelques années. Les puristes vont diront que seule la BD en noir et blanc n’ est valable à leurs yeux car la couleur casse souvent l’ effet esthétique du travail. Mais cela est un autre débat. C’est vrai que des planches originales avec juste l’ encrage et le crayonné apparent est un spectacle de toute beauté pour un amateur de BD…
Merci pour la précision ! Tu nous donneras ton avis de spécialiste si tu le lis, je suis curieux de avoir ce que tu en penses !
Convaincue ! Je cours acheter cette BD. Julien tu es un VRP d’une redoutable éfficacité. 😀
J’ai de la lessive à vendre ^_^
Rien à voir avec le sujet, mais j’adore ta coiffure Julien !
Les frisettes, tu les as faites aux bigoudis ou au fer ?
Avec un fer à lisser 🙂
Je ne sais que penser.
L’histoire a l’air super sympa. Par contre, je ne suis pas fan des dessins. Je préfère les dessins plus « travaillés » (oui, j’exagère avec ce terme, je sais).
Mais ton compte rendu m’intrigue….
Du coup, je sens que je vais le lire…. 😉
Au pire, t’auras perdu 1H de ta vie ^_^
Je l’ai lu avec plaisir.
On entre dans l’univers de cette bd pour se retrouver dans un monde de couleur, d’action, de rebondissements et de sensibilité.
J’ai ressenti pour ma part avant tout le point de vue féminin de l’auteure.
Un chevalier qui défend aussi la cause féminine. Un personnage en décalage avec son époque.
J’avais lu il y a quelques années une biographie très complète dans un Historia des années 50. Je l’ai d’ailleurs scanné et je la tiens à la disposition de qui en voudra.
C’est vrai que sa défense des femmes est surprenante pour l’époque ! Ce que je me suis toujours demandé : le Chevalier d’Eon était-il « féministe » (le terme est exagéré) avant d’être un espion du roi ou après, parce qu’il a évolué avec l’identité (fictive) d’une femme ?
Pour information, le tome 2 (suite et fin de l’histoire) est paru le 7 mai 2015.
Merci ! Il faut que je pense à l’acheter.